Histoire de Dijon
Rien, d’emblée, ne prédisposait cette cite, née il y a plus de deux millénaires, à prendre le pas sur ses prestigieuses voisines telles Autun, Beaune, Langres… et bien d’autres aussi célèbres en leur temps et disparues depuis.
Dijon, comme la plupart des cités anciennes, a grandi sur la sédimentation des constructions antérieures en se composant et se recomposant sans cesse sur elle-même, mais également en s’étendant dans l’espace pour donner naissance à de nouveaux quartiers qui, à leur tour, se modèlent et se remodèlent. Certes, les siècles ont effacé et érodé certains témoignages prestigieux, mais les très nombreux monuments qui subsistent sont autant de jalons ou plus exactement de repères éclatants qui illustrent cette étonnante épopée d’une modeste bourgade celtique devenue une métropole régionale de plus de 250 000 habitants.
C’est cette longue -plus de 20 siècles- et prodigieuse transformation qui est présentée en 10 « séquences » ou « périodes » les plus remarquables.
Un site, un Carrefour des échanges
A l’origine, une grande clairière entrecoupée par des marécages et le confluent de deux modestes rivières : l’Ouche et le Suzon.
Une position géographique exceptionnelle entre plaines et plateaux, entre Seine et Saône-Rhône, entre pays méditerranéens et îles britanniques, à la croisée des grands axes de déplacement empruntés à l’âge du bronze pour transporter l’étain ou l’ambre.
Plusieurs siècles avant notre ère, au temps de la splendeur de Vix, d’Alésia et de Bibracte, un habitat celtique occupe vraisemblablement les hauteurs, à l’image de l’oppidum du Mont-Afrique. Ces Celtes ou Gaulois localisés en territoire lingon entre Eduens et Séquanes « bénéficient » à l’évidence des courants commerciaux qui empruntent les pistes.
Une eau en abondance, des terres fertiles, une forêt dense, un site avec une topographie de nature à constituer des lieux sécuritaires, un point de « passage-carrefour »… autant de facteurs propices à la constitution d’un établissement humain.
1. Une agglomération naissante
Au pied de la côte, à l’intersection des deux grandes pistes celtiques, là où les soldats et les marchands éprouvent le besoin de faire une halte, une bourgade ou vicus constitués d’éléments dispersés prend corps.
Plus tard, vers la fin du 1er siècle de notre ère, la création à l’est, dans la plaine, d’une voie romaine reliant Chalon-sur-Saône à Langres et, plus loin, Lyon à Trèves, complète l’ancien carrefour celtique et apporte un regain d’activités à cette agglomération naissante.
Sous l’Empire romain, notamment au IIe siècle, cette bourgade semble florissante. Elle dispose apparemment d’un artisanat diversifié et prospère à en juger par la qualité des vestiges découverts : débris d’édifices importants et décorés, somptueux monuments funéraires.
Cette petite bourgade étirée le long des chemins apparaît relativement étendue et ses modes de vie sont profondément marqués par l’art importé de Rome. Comme bien souvent, ce sont les nécropoles situées, selon la loi romaine, à l’extérieur de la cité (à l’est le long de la voie romaine dite « d’Agrippa » et à l’ouest côté ancien carrefour celtique) qui nous apportent les renseignements les plus précieux sur la vie locale de cette période.
2. La ville gallo-romaine
Vers la fin du IIIe siècle, alors que le christianisme se développe, la cité est saccagée par les premières invasions barbares. Pour se protéger, les habitants construisent sur un replat en surplomb des zones marécageuses, à l’est du carrefour antique, une étroite enceinte fortifiée constituée notamment de pierres arrachées aux monuments alentours et de stèles provenant des nécropoles les plus proches :
- surface 11 a,
- muraille : hauteur 9 m, largeur 4,5 m,
- constitution : 33 tours, 2 portes et 2 portelles
Ce castrum gallo-romain, plus tard entouré d’un fossé alimenté par le Suzon, intègre quelques édifices publics, les résidences des autorités et sert de refuge en cas de danger aux habitants qui demeurent hors les murs.
La cité-forteresse est suffisamment solide pour résister à toutes les invasions suivantes. C’est sans doute ce qui justifie, au début du Ve siècle, le choix des Evêques de Langres d’y établir leur résidence dans l’angle nord-est du Castrum où ils firent bâtir selon la tradition trois édifices cultuels, deux églises et un baptistère. Leur présence suscite le développement de lieux saints et, notamment, la construction par les chrétiens d’une basilique sur le tombeau de Saint-Bénigne, leur martyr.
C’est cette cité animée, prospère et forte, que décrira, au VIe siècle, Grégoire de Tours dans son célèbre ouvrage « L’histoire des Francs ».
3. La ville du Haut Moyen-Age
Le haut Moyen-Age débute par l’occupation des Burgondes qui donnèrent son nom à notre région. Durant cette longue période, l’insécurité, les épidémies, les famines et le déferlement des invasions provoquent le déclin de nombreuses cités.
Divio, à l’abri de ses remparts plusieurs fois renforcés, maintient sa position grâce à la présence de deux grandes communautés religieuses qui participent activement à l’essor de la cité :
- le groupe cathédrale Saint-Etienne situé au nord-est à l’intérieur du castrum,
- l’abbaye bénédictine Saint-Bénigne construite à l’ouest hors les murs au-delà du carrefour antique.
Au IXe siècle, les vicomtes fonctionnaires, établis par les carolingiens, s’installent à l’angle nord-est du castrum, là où se dressera plus tard le palais ducal.
L’an mil passé, l’abbé Guillaume de Volpiano construit la rotonde de l’abbaye Saint-Bénigne, lieu de pèlerinage plus important à l’époque de Cluny. Saint-Bernard de Fontaine donne l’élan de Cîteaux et porte dans toute l’Europe le rayonnement de la chrétienté bourguignonne.
La ville déborde alors largement à l’extérieur de l’enceinte gallo-romaine, autour de l’abbaye de Saint-Bénigne et au-delà du chapitre Saint-Etienne. Les moulins se développent, les bourgs s’étendent…et le repli à l’intérieur du castrum s’effectue uniquement en cas de danger.
En 1301, Rober 1er, premier duc de la dynastie des Capétiens de Bourgogne, fait de Dijon sa capitale.
4. La ville médiévale
La cité médiévale se forge, pour l’essentiel, durant le long règne des ducs Capétiens de Bourgogne (1031-1362). Au cours du XIe siècle, la ville continue de s’étendre au-delà de l’enceinte primitive et l’on aménage les dérivations et les biefs des rivières. Mais, le 28 juin 1137, un gigantesque incendie ravage la totalité de la ville.
Au moment où l’Europe connaît un exceptionnel regain démographique et économique, les Ducs engagent la construction d’une nouvelle enceinte largement dimensionnée qui englobe la totalité des faubourgs, y compris l’abbaye Saint-Bénigne. Cette monumentale enceinte contiendra l’essentiel de la vie urbaine jusqu’à la fin du XVIIIe siècle :
- surface 97 ha,
- muraille : hauteur 10 m, largeur 5 à 6 m,
- constitution : 18 tours, 11 portes et portelles.
Sous la pression d’une bourgeoisie entreprenante, les Ducs accordent en 1183 une « charte de commune » à la ville qui enregistre un développement assez conséquent sur le plan économique : foires, marchés, draperies…
La cité, qui est dotée de sept paroisses, s’enrichit de réalisations significatives : la Sainte Chapelle, l’Hôpital du Saint-Esprit, le Palais ducal, les églises Saint-Philibert, Notre-Dame, Saint-Bénigne…
Au long des rues étroites, au tracé régulier, se juxtaposent églises, édifices publics, résidences, masures, échoppes et ateliers.
Par ailleurs, au début du XIIIe siècle, les ducs de Bourgogne réalisent, sur le Mont de Talant, une magnifique résidence-forteresse à laquelle ils ont adjoint une ville neuve fortifiée dotée d’une « charte de franchise ».
La fin de règne des ducs Capétiens de Bourgogne est marquée par plusieurs événements dramatiques dont la peste noire de 1348 à 1349.
5. La ville des Grands Ducs d’Occident
La ville modelée sous le règne des Capétiens connait une renommée flamboyante avec la dynastie des Ducs Valois de Bourgogne (1363-1477). Ceux qu’on appelle les « Grands Ducs d’Occident » (Philippe le Hardi, Jean Sans Peur, Philippe le Bon et Charles le Téméraire) accordent une place toute particulière à Dijon :
- construction de la Chartreuse de Champmol pour recevoir leurs sépultures,
- transformation du logis ducal en un luxueux palais princier,
- institution des Chambres du Conseil et des Comptes,
- fixation du siège de l’ordre de la Toison d’Or,
- création avec Slutter, Van Eyck, Claus de Werve… un des centres les plus actifs du style gothique européen et des prémices de la grande Renaissance
Durant plus d’un siècle, par une habile politique de mariages, de conquêtes, de traités, ils se rendent maîtres d’un Etat s’étendant jusqu’à la Mer du Nord.
L’émulation artistique, le développement de l’artisanat et du commerce, sont à l’origine de somptueuses demeures à l’apparence encore médiévale. L’enceinte du XIIe siècle est remaniée, le castrum est progressivement démoli et l’on construit sur ses fossés remblayés.
En 1477, à la mort de Charles le Téméraire, Louis XI pose habilement la couronne de France sur la Bourgogne. Dijon, qui devient ville frontière du royaume, est dotée d’une solide forteresse.
Après le siège des Suisses, en 1513, l’enceinte est renforcée : les murs sont dégagés et remparés, les tours du Moyen-Age sont abaissées, des bastions sont édifiés (Saint-Pierre, Guise, Saint-Nicolas).
Au cœur de la cité, hôtels particuliers et maisons de riches bourgeois adoptent
au XVIe siècle le style de la Renaissance italienne, interprété notamment par Hugues Sambin, artiste local de grand talent.
A nouveau, les faubourgs commencent à se construire progressivement.
6. La ville classique
La guerre de trente ans et l’approche, en 1636, de l’armée impériale conduisent à améliorer encore le système défensive qui prend une configuration à “la Vauban”.
Sous l’impulsion du renouveau catholique, les institutions religieuses se multiplient et construisent autant d’édifices d’où émergent clochers et clochetons : Jésuites, Minimes, Capucins, Carmélites, Bernardines, Ursulines, Jacobines…
En 1678, le rattachement de la Franche-Comté au royaume rend les fortifications inutiles. Dijon, capitale de la Bourgogne, dont les Princes de Condé sont gouverneurs, connaît alors un âge d’or marqué par une intense activité architecturale. Elle devient une cité animée et brillante que l’urbanisme naissant remodèle : place royale en hémicycle, œuvre de Jules Hardouin-Mansart, et le palais des Etats, rue des Princes de Condé, parc de la Colombière, dont le dessin est attribué à Le Nôtre, et allées, Parc et Château de Montmuzard, etc.
Les voies sont rectifiées, le bâti est transformé ou démoli pour intégrer les nombreux hôtels de style classique mêlant ainsi édifices prestigieux des parlementaires, belles demeures bourgeoises et modestes maisons du peuple.
On repousse l’idée de créer une ville nouvelle à côté de la ville ancienne. Seuls, quelques châteaux ou d’opulentes demeures sont construites dans la campagne proche par les parlementaires.
Les faubourgs d’Ouche, Saint-Pierre et Saint-Nicolas sont réaménagés et s’étendent bien au-delà des bastions pour accueillir de nouvelles activités. Cette période brillante et illustrée par Bossuet, Rameau, Piron, Buffon, Monge… Elle est marquée par la fondation de l’Université, de l’Académie -qui distingue Jean-Jacques Rousseau-, de l’Ecole des Beaux-Arts, du Musée…
Point de convergence de sept routes royales, Dijon affirme son rayonnement.
7. La ville industrielle
Après la Révolution, Dijon rétrograde de son statut de capitale de province à celui de chef-lieu de département. Une partie de son patrimoine monumental est détruit et, durant quelques décennies, la ville se trouve surdimensionnée par rapport à son rayonnement potentiel.
Les prémices du développement apparaissent dans la première moitié du XIXe siècle.
En 1833, le canal de Bourgogne, commencé 50 ans plus tôt, est enfin terminé. Le théâtre est inauguré en 1828, le quartier de la place Saint-Bernard, première opération d’urbanisme hors les murs, est aménagé de 1839 à 1847 et, en 1840, le réseau d’alimentation en eau proposé par l’ingénieur Henry Darcy pour lutter contre l’insalubrité des terminé.
Toutefois, c’est l’inauguration, en 1851, de la ligne de chemin de fer Paris-Dijon-Lyon-Marseille qui marque le début du développement industriel et urbain de la ville. Les abords de la gare se peuplent et la cité qui s’est profondément transformée, étouffe dans son corset de murailles.
La guerre de 1870 stoppe brutalement le premier débat démocratique sur l’urbanisme de la ville. Après la guerre, la ville devenue à nouveau place-forte est dotée de casernes. De nouvelles populations sont attirées par l’expansion économique, poussées par l’exode rural ou chassées de l’Alsace-Lorraine perdue. En un demi-siècle (1850-1900), la ville passe de 30 000 à 70 000 habitants.
Dès la fin du XIXe siècle, on met définitivement à bas les remparts et le château et, dans le contexte du libéralisme économique, on s’efforce d’adapter la ville à la nouvelle rationalité urbaine :
- création de places et boulevards de type haussmannien,
- construction de grands équipements publics et privés,
- installations des premiers transports publics,
- implantations d’activités commerciales et industrielles.
La guerre de 14-18 arrête cette première phase expansive du cycle industrialisation-urbanisation.
8. La ville moderne
En 1919, l’Etat impose aux villes l’élaboration d’un plan d’aménagement, d’extension et d’embellissement. Les préoccupations économiques et sociales, la diminution démographique, la vision restrictive que l’on a de l’avenir n’incitent pas à engager de grands bouleversements. L’aménagement des quartiers se poursuit sans grande volonté de planification.
Néanmoins, dans la seconde moitié des années vingt, quelques grands projets sont mis en chantier sur la base de nouvelles orientations urbaines inspirées notamment par des soucis d’hygiène.
Ainsi :
- le quartier de la Maladière témoigne d’une sensibilité nouvelle en matière d’habitat populaire,
- le parc municipal de Montmuzard souligne l’importance accordée aux sports,
- le lotissement-jardin de la cité des Bourroches met l’accent sur le logement social,
- l’adduction des eaux de la Saône permet de desservir les quartiers hauts de la ville,
- des opérations de mise à l’alignement des rues anciennes du centre sont engagées,
- construction d’une gare de tramways départementaux et quelques grands édifices publics et privés.
En 1930, un premier projet de plan d’aménagement, d’extension et d’embellissement est proposé.
Les nouvelles techniques de constructions et les influences extérieures conduisent à des styles très éclectiques allant du néo-classique à l’Art nouveau, voire moderne. Les résidences des notables se construisent en marge de la cité ancienne dans les quartiers aérés ou en bordure des boulevards et avenues.
Dans cette période de l’Entre-deux-guerres, les entreprises agro-alimentaires et mécaniques créées à la fin du XIXe siècle poursuivent leurs activités, de nouvelles s’installent dans les faubourgs.
La crise de 1929, les troubles sociaux puis la Seconde Guerre mondiale marquent la fin d’une époque.
9. La ville extensive
Dès 1945, la ville entreprend quelques opérations de relogement et de construction sur la base de lotissement de maisons individuelles et de petits immeubles. On poursuit la réflexion sur la planification urbaine engagée bien avant la guerre et, en 1949, le plan élaboré avec le concours de l’urbaniste Georges Sébille est enfin pris en considération.
Mais le monde change, les besoins sont énormes et l’Etat prend les choses en main pour rattraper le retard considérable pris par la France en matière d’industrialisation et d’urbanisation. Pour s’efforcer de répondre rapidement à la crise du logement, on simplifie à l’extrême, voire on dénature, les théories du « Mouvement Moderne » portées en France par Le Corbursier. L’urbanisme fonctionnel s’impose : ici, les quartiers d’habitation, là les zones industrielles et un peu plus loin les grands équipements.
- Campus universitaire de Montmuzard, le Centre hospitalier régional, les nouveaux grands équipements : lycées, collèges, marché de gros, palais des expositions, abattoirs…
- Rénovation du quartier Clemenceau dont on réduira fort heureusement le programme…
Comme partout, c’est l’apothéose du superlatif : plus haut, plus grand, plus vaste… dans l’euphorie exponentielle de la période dite des « Trente Glorieuses ». Dans ce contexte de croissance illimitée, on projette notamment la création d’une ville nouvelle dans la vallée des Tilles et la réalisation d’une autoroute urbaine traversant la ville de part en part.
En 25 ans à peine, l’agglomération double sa surface urbanisée. Par chance, la ville stoppera à temps ces projets « pharaoniques » pour s’engager progressivement vers des opérations plus conformes aux aspirations de la population.
10. La ville recomposée
Au début de la décennie 1970, la ville de Dijon “rejette” la démesure et choisit de faire vivre le centre ancien revalorisé en harmonie avec son agglomération. Cette nouvelle orientation assez vite banalisée, qui prend à contre-pied les principes et pratiques antérieurs, conduit à un changement radical des concepts, des méthodes et des échelles territoriales.
La ville s’appuie sur ses Services et sur l’Agence intercommunale d’urbanisme pour engager l’élaboration de nouveaux documents d’urbanisme : plan d’occupation des sols rendu public dès 1975, mise au point du plan de sauvegarde et de mise en valeur du secteur sauvegardé, élaboration de divers documents d’orientation tels que plan vert, plan de référence, programme local de l’habitat, plan de déplacement, etc.
Cette nouvelle politique urbaine se concrétise par de multiples actions et opérations et, notamment, sur le plan des aménagements urbains par :
- revalorisation et la dynamisation du centre ancien pour le faire vivre en harmonie avec la ville et son agglomération,
- constitution d’une ceinture verte sous la forme de grands parcs périurbains,
- aménagement de nouveaux quartiers d’habitation et d’activités qui intègrent des notions d’aménités et d’écologie urbaines,
- restauration, la requalification et l’équipement des quartiers existants
Insertion du logement locatif social dans le contexte de la ville, - mise en place d’un vaste projet urbain composé d’un centre commercial de la dernière génération, d’un parc de loisirs, d’un parc technologique et de deux quartiers d’habitation, connus sous le nom générique de la Toison d’Or,
- édification, à côté du plain des Congrès et des Expositions profondément modernisé, d’un Auditorium à la pointe des techniques actuelles.
Tout à la fois, Dijon s’étend, se transforme, s’aménage, se requalifie pour trouver un équilibre, une dynamique urbaine et affirmer son rôle de capitale régionale de la Bourgogne.